Il aura fallu attendre trois longs mois avant que le deuxième épisode de Tales from the Borderlands ne daigne voir le jour. Un délai étonnamment long - qui s'explique, officiellement, par le désir de proposer un produit à la qualité exemplaire -, mais qu'importe : Rhys et Fiona sont de retour, et ils sont toujours un peu moins seuls...
Vous avez trouvé le temps long depuis la fin du premier épisode ? Telltale, beau joueur, en convient à sa manière par la voix de Marcus Kincaid, le narrateur invisible de la série, dont la voix off se fend d'un "Yes, yes, it's been a while. Everyone knows" avant que ne soit résumée la trame de l'intrigue. Une clairvoyance bienvenue qui franchit avec talent le quatrième mur, avant que l'on ne replonge dans le monde de Pandora, au gré d'un récit que l'on suit tour à tour selon le point de vue de Rhys, l'homme à l'oeil bionique, et celui de Fiona, l'arnaqueuse aux yeux revolver. Le procédé fonctionne toujours avec autant d'efficacité, et autorise une mise en scène brillante, tandis que les protagonistes principaux, encore prisonniers d'un mystérieux personnage - on en apprendra forcément davantage à ce sujet plus tard - s'interpellent mutuellement dans un jeu de miroirs où chacun y va de son exagération volontaire ou de ses petits arrangements avec la réalité. Pour l'observateur averti, un régal.
Handsome Jack is back
Dès la toute première scène du jeu, Tales from the Borderlands nous prouve qu'il peut aller loin dans le domaine de l'humour décalé en mettant Fiona dans une situation où elle devra, c'est le moins qu'on puisse dire, se salir les mains... Le contraste entre l'allure de lady de la belle et l'incongruité de la scène suffit à la blague. Pendant ce temps, Rhys fait la connaissance de ce qui promet de devenir une nouvelle figure centrale du jeu : Handsome Jack. Bien connu des joueurs de Borderlands 2, ce dernier apparaît ici - attention, petit spoiler qui n'en est pas vraiment un pour quiconque a terminé le premier épisode - sous la forme d'un hologramme/un esprit/une figure invisible qu'apparemment seul Rhys est capable d'apercevoir. Cette astuce apporte une nouvelle densité à l'intrigue en même temps qu'elle enrichit (modestement) le gameplay, l'entité immatérielle à la langue bien pendue améliorant l'echo-eye de Rhys afin de lui permettre de pirater à distance les objets qu'il n'était jusque-là que capable d'analyser. Une subtilité pratique, parmi d'autres davantage liées aux côtés humains des personnages, le scénario nous invitant à croiser un mécano au grand coeur derrière son air de simplet ainsi qu'une savoureuse galerie de chasseurs de prime bien décidés à récupérer l'argent promis à quiconque arrêtera Fiona et Sasha, dont les têtes sont mises à prix.
Un épisode chiche de scènes impressionnantes - on retient surtout une course-poursuite improbable, en plein désert -, moins surprenant dans le fond que le précédent, et moins marquant, mais qui pose l'univers, épaissit toujours un peu plus les personnages (avec un Vaughn dont on découvre une facette... étonnante) et distille des dialogues résolument hilarants. On pourrait en vouloir plus, on en a déjà beaucoup...
Entre Rhys et Fiona, mon coeur balance... Et c'est bien là la force de Tales from the Borderlands, qui réussit l'exploit de nous présenter un récit selon deux points de vue complémentaires, en incarnant tour à tour des personnages résolument différents mais tous deux aussi attachants. Les figures qui les accompagnent - Sasha pour Fiona, Vaughn pour Rhys - ne sont pas en reste, et loin de servir de faire-valoir, se révèlent indispensables à l'ambiance du titre, son intrigue, son humour... Un deuxième épisode peut-être un tout petit peu moins convaincant que son aîné, mais plus posé, et en tout cas pas moins intéressant.